Djéhouty : Ma Quête pour Révéler la Beauté et le Sens des Maths à Nos Enfants

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Une vérité qui m’habite

Je suis Djéhouty.

Quand je prononce ces mots, c’est comme si tout mon passé, mes doutes et mes découvertes se rassemblaient en un instant.

Il m’a fallu des années pour y voir clair, pour donner un sens à mon parcours. Et aujourd’hui, tout s’éclaire.

Les maths, un terrain de jeu

Quand j’étais petite, les maths étaient un terrain de jeu. Je m’amusais autant avec les nombres qu’avec les mots.

À 7 ans, j’ai écrit « fille bèle » au lieu de « fille belle » sur une copie, juste pour voir ce que ça ferait, pour mettre un peu de piquant dans ma journée.

Chaque problème ressemblait à une chasse au trésor, chaque exercice à une nouvelle aventure.

Je me rappelle encore ma maîtresse de CM1.

Un jour, elle nous a montré une méthode différente pour résoudre un exercice. Curieuse, j’ai tout recalculé pour vérifier si elle avait raison. Elle m’a regardée avec un sourire malicieux : « Hum, toi, Dorvale, tu as l’esprit d’une scientifique : tu aimes poursuivre tes recherches. »

Ces mots se sont gravés en moi, comme une promesse que je ne comprenais pas encore, mais qui guidait déjà mes pas.

Quand les maths changent de visage

Mais au fil des années, les maths ont changé. Ce qui était ludique et créatif est devenu rigide et intimidant.

Au collège, j’obtenais facilement des 18/20. Mais au lycée, mes notes ont chuté à 11-12/20. Pas parce que je ne comprenais plus, mais parce que je ressentais une pression constante.

Les maths n’étaient plus un plaisir, mais un critère de jugement.

Malgré cela, je n’ai jamais abandonné les mathématiques.

Le rêve d’être ingénieure

Après le bac, je me suis dirigée vers des études d’ingénieur.

Pourquoi ?

Parce que, dans mon esprit, être ingénieure, c’était bien plus que manier des chiffres ou résoudre des équations. C’était rendre les maths et les sciences utiles, accessibles, et, surtout, belles dans la vie de tous les jours.

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djehouty - devenir ingénieure

Et croyez-moi, cette vision ne m’a jamais quittée.

À l’université, puis à l’École Centrale, les maths ont peu à peu repris leur place dans ma vie, dans “la vie”.

À la fac, j’ai pris des cours de mathématiques appliquées à la mécanique. Et là, les mathématiques n’étaient plus des lignes sur un tableau noir, mais des outils concrets pour : bâtir des ponts, concevoir des structures, modéliser des phénomènes complexes.

Et quand je suis arrivée à Centrale, elles étaient partout : dans la mécanique des fluides, l’électromagnétisme, même dans les finances.

Mais vous savez quoi ? Ce n’est pas dans les cours magistraux que j’ai vraiment vu les maths s’animer.

C’était sur le terrain, pendant mes stages, que tout a changé.

C’est là que ce que j’avais appris sur le papier a pris vie, que les chiffres ont commencé à raconter une histoire. Et quelle histoire !

Les maths tangibles : l’expérience à Sheffield

Je me revois encore cet été en stage ouvrier à Sheffield, dans les forges du Yorkshire, au nord de l’Angleterre.

C’était comme entrer dans un autre monde. Un monde où les maths, que je connaissais jusque-là sur le papier, devenaient soudain palpables, presque vivantes.

djehouty - les maths redeviennent palpables

Dans cette ambiance de feu et d’acier, tout prenait forme:

Calculer les proportions précises des alliages pour créer de l’acier, contrôler les températures des fours, optimiser l’énergie pour la fusion…

Ce n’était plus des exercices abstraits. Chaque équation, chaque chiffre trouvait sa place dans un processus concret.

Je retrouvais les maths de mon enfance : simples, claires, utiles et tellement joyeuses. Des maths qu’on pouvait voir, toucher, utiliser.

Le résultat ? Elles donnaient vie à des pièces d’une précision incroyable, prêtes à faire voler des avions Airbus !

Devant moi, les maths montraient leur vrai pouvoir : rendre possible ce qui nous semble souvent impossible.

Des questions qui me hantent

Pourtant les maths que j’aimais tant avaient fini par me laisser avec un sentiment étrange.

Quelque chose clochait.

Pourquoi ce qui était fascinant pour moi semblait si intimidant pour tant d’autres ?

Je me posais des questions. Trop de questions.

Pourquoi ces maths, si puissantes, si belles, paraissent-elles si loin de ce qu’on enseigne aux enfants ?
Pourquoi transforment-elles une curiosité naturelle en un mur infranchissable ?
Pourquoi deviennent-elles un outil pour trier, plutôt qu’un pont pour explorer ?

Je pense à Steph, une amie de collège. Elle était persuadée qu’elle était « nulle en maths ». C’est tout ce qu’elle voyait d’elle-même. Cette simple croyance a fermé des portes qu’elle aurait pu ouvrir. Et elle n’était pas seule.

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Combien d’enfants pensent comme Steph?
Combien abandonnent, non parce qu’ils ne peuvent pas, mais parce qu’on ne leur montre pas une autre façon d’apprendre ?

La révélation dans un taxi

En 2022, dans le taxi d’un ami, une partie de mes questions a trouvé un début de réponse.

On parlait de maths, de mon blog que je venais de lancer, La Baguette Math et Magique.

Et Greg m’a fait repenser à nos mamans africaines sur les marchés.

Ces femmes incroyables qui comptent de tête avec une facilité déconcertante. Quand elles doivent résoudre un problème, elles tracent parfois quelques traits sur le sol.

Pas de manuel. Pas de stress. Juste une fluidité naturelle, intuitive.

djehouty maths africaines - héritage de l'égypte antique

Greg m’a parlé des mathématiques africaines : un savoir pratique, ancré dans le quotidien, qui va droit au but.

Il m’a rappelé aussi l’héritage des Égyptiens, ces génies de l’Antiquité africaine qui ont posé les bases de tant de disciplines scientifiques.

Et là, tout prenait une autre dimension. Les maths n’étaient pas juste des outils abstraits.

Elles faisaient partie de la vie, d’une histoire, d’une culture.

Les maths vivantes des anciens Égyptiens

Curieuse, et guidée par N.K Omotundé, je me suis plongée dans les récits des auteurs grecs.

Hérodote et Jamblique y racontaient comment les érudits Égyptiens enseignaient les mathématiques, les sciences, l’astronomie et la philosophie à des figures comme Thalès, Pythagore, Platon ou Euclide.

Leurs récits m’ont menée à explorer les travaux de Cheikh Anta Diop, Théophile Obenga et Sotirios Mayassis.

Là, une vérité fascinante s’est révélée : pour les savants africains, les maths n’étaient pas une discipline rigide ou intimidante.

Les maths étaient vivantes, profondément ancrées dans l’art et le quotidien.

On les transmettait par le chant, la danse, le dessin ou même le théâtre !

Chaque concept prenait vie, devenant une expérience qui touchait autant l’esprit que l’âme. Ces méthodes rendaient les maths humaines, joyeuses et accessibles.

Bien plus qu’un simple outil de calcul, elles ouvraient une porte vers la créativité et l’intuition.

Cette découverte a tout éclairé pour moi. Elle a changé ma façon de voir et de transmettre les maths.

Et c’est là que j’ai rencontré Djéhouty.

Rencontre avec Djéhouty

Mais qui est Djéhouty ?

Pour le comprendre, il faut remonter le fil du temps, plonger dans une tradition millénaire.

Djéhouty, ou Thot, est bien plus qu’un dieu de l’Égypte ancienne. Il incarne la connaissance, l’écriture, et la sagesse.

Pendant des millénaires, les savants égyptiens signaient leurs travaux de son nom. Non pas par orgueil, mais par humilité. Ils ne cherchaient pas à briller individuellement.

Pour eux, la science et la connaissance étaient un trésor collectif, une lumière à partager avec le monde et à transmettre aux générations futures.

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Étudier les lois de la nature et du cosmos, c’est bien plus qu’un simple exercice intellectuel.

C’est une façon d’honorer l’ordre et la beauté de la création du divin, une démarche où science et sacré se rejoignent.

Et puis, un dimanche d’été, assise sur mon balcon par un après-midi tranquille, je ferme les yeux.

Le soleil caresse mon visage et, soudain, cette vérité me traverse.

Tout ce que je ressens, tout ce que je cherche depuis des années prend enfin un sens.

Une révélation

Je suis Djéhouty.

Je m’inscris dans une lignée, celle de mes ancêtres Africains, ces gardiens du savoir et de la transmission.

Comme eux, je veux partager. Pour les enfants, les parents, les éducateurs.

Je veux que les maths redeviennent ce qu’elles étaient : une aventure. Pas un obstacle, mais un voyage porté par la créativité, l’intuition et la joie.

Quand, passionnée de lecture, j’apprends dans un livre,
quand je partage ensuite mes découvertes avec enthousiasme,
quand j’utilise ma passion pour la danse ou le théâtre pour transmettre une émotion,
quand j’accompagne avec bonheur des mamans pour aider leurs enfants en maths,
quand je raconte une histoire pour éveiller la curiosité de mes petits,
ou quand je montre à Sean et Pedro, deux collégiens, que la géométrie est partout, qu’elle est simple, accessible, presque magique…

À chaque instant, je suis Djéhouty.

Parce que transmettre le savoir, c’est un acte d’humilité. C’est bâtir un pont entre le passé et l’avenir.

Mais une question me hante : comment faisaient-ils ?

Comment faisaient-ils, mes ancêtres égyptiens, brillants et audacieux, qui ont enseigné des mathématiques capables de bâtir des merveilles comme les pyramides, dès 2700 avant notre ère !

Je ne sais pas encore comment retrouver leurs méthodes, mais je me lance dans cette quête. Je chercherai, et je finirai par trouver.

Parce que ce savoir est en nous, peuple noir, peuple de la couleur de l’univers.

Il est là, profondément ancré, attendant d’être réveillé.

Ouabe Ibé.ei

Hatôpè

Djéhouty

Sources

Égypte Ancienne et Afrique Noire – Pensées et légendes de Gilbert GNOM

L’Origine négro-africaine du savoir grec de Jean-Philippe Omotunde – 2020

Nations nègres et culture de Cheikh-Anta Diop – 2000

Mystères et initiations de l’Egypte ancienne. Compléments à la religion egyptienne. Sotirios Mayassis – 1957

Vie de Pythagore – Jamblique

Livre II – Hérodote

 

19 Comments

  1. Un récit inspirant et authentique !
    J’ai adoré la manière dont tu as su redonner vie aux mathématiques et les rendre accessibles à tous, loin de l’idée des chiffres froids.
    Ton expérience nous rappelle qu’il y a de la magie et de la beauté dans les maths, surtout quand on les vit au quotidien 🙂

  2. Wouah ! Mais qu’elle histoire inspirante tu nous contes là Dorvale ! Je savais que tu étais pationnée mais pas à ce point ! Merci pour cette plongée dans ton histoire personnelle.

  3. “Pour eux, la science et la connaissance étaient un trésor collectif, une lumière à partager avec le monde et à transmettre aux générations futures.”
    Parce que l’ignorance est l’origine de la bêtise et de la violence.

    Je suis Djéhouty. Nous sommes Djéhouty.

    Beau texte, merci encore.

  4. Et peut être que ces magiques constructeurs de pyramides n’étaient pas les égyptiens que l’on représente… Merci pour cet article joyeux !

  5. Ton article m’inspire et j’ai envie d’en savoir plus !!
    Moi qui suis plutôt dans la team “français” que dans la team “maths” 😉

    Mais je te soutiens à 100% : il y a bien quelque chose de magique dans les maths : entre le nombre d’or, pi ou la spirale de Fibonacci par exemple, que l’on retrouve à peu près partout dans les constructions humaines mais aussi dans la nature… Il y a de quoi explorer !

    • Ha super Ana ! On va aborder tous ces thèmes qui sont dans la vie et qui sont la vie !
      C’est parti !
      Merci encore Ana pour ton retour d’expériences à partager !

  6. Merci pour cet article d’utilité publique à afficher dans tous les lycées et collèges. Le collège qui m’a fait renoncer aux mathématiques. Du coup, je suis restée aux bases (additions, soustractions, multiplications, divisions) avec des études de comptabilité😇
    Merci encore pour le partage sincère de ta passion

    • Merci Ketty pour tes retours ! C’est une chance que tu aies continué les mathématiques jusqu’à des études de comptabilité! Un preuve que tu les aimes malgré tout ?

  7. Merci pour cet article ! J’aime beaucoup ta vision des mathématiques. J’adore les maths, le problème, c’est que c’est souvent enseigné de manière abstraite et que beaucoup d’enfants en sont rapidement dégoûtés ! Il faudrait qu’ils aient un peu de Djéhouty en eux…

    • Tout à fait Pauline ! ravie de rencontrer une amoureuse des maths qui en voit la beauté et le challenge qu’on a dans son enseignement à l’école

  8. Merci pour ce chouette article, qui me sera utile tant du point de vue personnel que professionnel ! J’en retiens plusieurs pistes de « travail », que je pense pouvoir transposer à l’éducation à la chanson dans les écoles où j’interviens (mon domaine de prédilection).

  9. J’ai trouvé cet article véritablement magique! L’anecdote où tu écris “fille bèle” au lieu de “fille belle” m’a profondément émue. Ce geste, bien que simple, témoigne d’un courage et d’une transgression créative, rappelant l’essence même de l’acte scientifique et artistique : oser voir et faire autrement. En modifiant l’orthographe, tu as, selon moi, non seulement fait une expérience graphique, mais aussi interrogé les conventions, réfléchi à l’étymologie et à l’histoire des mots… Peut-être même as-tu testé la vibration des sons selon leur écriture ! Finalement, un acte si petit en apparence est une véritable démarche de chercheur, qu’il s’agisse d’explorer ses propres perceptions ou de comprendre les mécanismes et procédés du monde qui nous entoure!

    Cette démarche résonne avec les arts populaires que je transmets, qui invitent à une créativité spontanée et à l’émerveillement quotidien. En art comme en science, décaler le regard et défier les normes ouvre des voies vers de nouvelles formes de pensée et d’expression. Et surtout, cela nous ramène à la joie.

    • Merci infiniment, Sylvie. Tes mots me touchent profondément, surtout venant d’une artiste créative comme toi ! Ton regard artistique illumine encore davantage mon chemin.

  10. J’aurai adoré que mes profs de maths me fasse rêver comme tu l’as fait avec cette matière ! merci pour ce partage authentique qui m’a allumé une étincelle dans les yeux !

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