
𓂀 Ce que l’histoire d’Alexis m’a appris (et que tout parent devrait entendre) 𓂀
Il y a quelques mois, j’étais invitée à déjeuner chez des amis. En arrivant un peu en avance, je tombe sur leur fils, Alexis, 13 ans, assis à table avec son père. Entre eux : un cahier de maths, et une ambiance tendue.
Ils travaillaient sur des équations avec des fractions, mais manifestement… ça coinçait. Le père, un peu excédé, répétait :
“Mais regarde tes fiches, Alexis ! Hier tu comprenais, et là on dirait qu’on recommence tout à zéro !”
J’ai observé en silence quelques minutes.
Et puis le père, qui savait que j’avais étudié les maths, m’a lancé un peu comme une bouée de secours :
“Tu veux bien essayer ? Parce que là… je sèche.”
Je propose une pause. Alexis me suit dans une autre pièce, avec une simple feuille et un stylo.
Je lui dis :
“Dis-moi franchement… qu’est-ce qui bloque ? Même si tu trouves ça bête, vas-y.”
Il baisse les yeux, hausse les épaules :
“J’sais pas.”
Je lui demande alors de refaire l’exercice à voix haute, sans pression, juste pour que je comprenne ce qu’il fait.
Et là, tout devient clair.
Il n’est ni distrait, ni paresseux.
Il travaille sur des équations… mais en fait, il ne comprend pas comment les résoudre dès qu’il y a des dénominateurs différents.
En effet, le concept du dénominateur commun, il ne l’a jamais vraiment intégré.
Il reproduit les étapes “comme dans l’exemple” mais sans comprendre ce qu’il faisait, ni pourquoi.
Et surtout, il n’osait pas le dire.
Ce moment m’a rappelé une vérité essentielle :
Ce qui bloque n’est pas toujours ce qu’on croit.
Souvent, ce n’est ni un manque de travail, ni un problème de capacité.
C’est la peur de mal faire, le stress, le sentiment d’être jugé, qui ferment toutes les portes.
Et surtout :
Tant qu’on pousse, on ne voit pas.
C’est quand, nous parents, on lâche prise, qu’on ouvre enfin l’espace nécessaire pour que l’enfant exprime ce qui coince vraiment.
𓂀 L’erreur qu’on fait tous (et pourquoi elle est si humaine) 𓂀
Quand un enfant souffre en maths, le réflexe de 99 % des parents, c’est de l’aider avec plus d’explications.
- On lui répète les consignes.
- On relit avec lui.
- On lui (re)montre les étapes.
- On essaie même d’inventer d’autres formulations.
Mais à ce moment-là, l’enfant n’a pas besoin d’explications.
Il a besoin d’un espace sécurisé, où il peut avouer ce qu’il ne comprend pas sans peur du jugement.
Dans son livre Mindset, la psychologue Carol Dweck montre combien le climat émotionnel autour de l’apprentissage influence profondément la motivation. Un enfant qui a peur de “mal faire” n’ose plus essayer: il n’explore plus, il se fige.
Autrement dit :
Plus l’enfant se sent écouté sans pression, plus il est capable de prendre des risques cognitifs**… et donc de progresser. Comme le Dr Carol Dweck le souligne, c’est quand il se sent en sécurité qu’un enfant peut croire en sa capacité à progresser, et donc développer ce qu’on appelle un esprit de croissance.
**: Prendre un risque cognitif, c’est oser lever la main même si on n’est pas sûr de sa réponse. C’est essayer une stratégie nouvelle, oser poser une question qu’on croit “bête”, ou tester une idée.
Bref : c’est sortir de sa zone de confort pour apprendre. Et ça, un enfant ne peut le faire que s’il se sent en sécurité.
𓂀 Ce que ça veut dire, concrètement 𓂀
𓁣 Créer un espace d’écoute 𓁣
Créer cet espace d’écoute, ce n’est pas rester les bras croisés et tendre l’oreille : c’est être là, pleinement, observer, questionner, reformuler…
C’est poser un cadre où l’enfant ose dire ce qu’il ne comprend pas.
Comment faire en pratique ?
- Lui poser des questions ouvertes :
“Tu peux m’expliquer avec tes mots ce que tu comprends ici ?”
- Accepter ses “je sais pas” sans dramatiser :
“OK. Refais à ton rythme, je regarde juste.”
- Laisser des silences: essayer ni de combler, ni d’anticiper.
“Prends ton temps, je te laisse réfléchir.”
- L’encourager à verbaliser ce qu’il pense, ce qu’il ressent, même si c’est flou et même si ça semble faux.
“Qu’est-ce qui te vient en tête quand tu regardes cette question ? Même si tu penses que ce n’est pas “la bonne réponse”, dis-le quand même.”
Parce que parfois, il faut vider l’incompréhension pour créer de la compréhension.
𓁣 Et ensuite ? 𓁣
Une fois que l’enfant ose montrer ce qu’il ne comprend pas, tout devient plus simple.
Vous pouvez :
- Ne pas rester bloqué sur la leçon
Quand un enfant coince sur un exercice, ce n’est pas toujours la leçon du jour le vrai problème.
Parfois, c’est une notion plus ancienne qu’il n’a jamais bien comprise: comme Alexis, bloqué sur des équations, alors qu’en réalité, il ne comprenait pas comment gérer un dénominateur commun.
- Reprendre les bases calmement, en adaptant la méthode
- Créer des petits succès rapides pour restaurer la confiance (cliquez ici vers l’article)
Mais rien de tout cela ne peut se faire sans ce premier pas :
- Créer un climat d’écoute, sans pression puir lui donner la permission de ne pas comprendre… pour mieux apprendre.
𓂀 En résumé 𓂀
S’il y a une seule chose à retenir c’est celle-ci :
Ce qui débloque souvent un enfant en maths…
Ce n’est pas plus d’explications: c’est plus d’écoute.
Parce qu’un enfant qui ose dire “je ne comprends pas” est déjà en train d’apprendre.
Même s’il le répète plusieurs fois, et même si malgré vous, ça commencer sérieusement à vous “taper sur les nerfs” !
“Parce que la science et la connaissance sont un trésor collectif, une lumière à partager.”
Hatôpè
Djéhouty 𓅞
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