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Les mathématiques.
Et bien voilà, le mot est lâché et il fait frémir certains d’entre nous.
Pourtant, les maths sont partout, dans chaque coin de notre existence: du calcul de la monnaie rendue à la boulangerie à la division de la pizza en parts égales.
On voit les sourcils de nos petits se froncer alors qu’ils essaient de démêler ce tas de chiffres et de symboles. On a tous été là, n’est-ce pas ? Et on se demande comment les aider sans les pousser à se sentir encore plus confus ou dépassés.
Voici la bonne nouvelle : la science nous donne une piste.
Les neurosciences ont dévoilé que chaque enfant apprend à son rythme, et que le vocabulaire que nous utilisons peut soit ouvrir la porte à l’apprentissage, soit la fermer à double tour.
L’idée est d’encourager plutôt que de critiquer, d’établir un climat d’apprentissage positif qui fait de l’erreur non pas une catastrophe, mais une étape vers la maîtrise.
Nous allons alors jouer à un petit jeu : le jeu des “dix phrases à éviter”.
Chaque fois que vous vous retrouvez en train de prononcer l’une de ces phrases, imaginez un buzzer qui retentit.
Car l’important, c’est ce qui vient après le buzzer : une alternative constructive qui aidera votre enfant à apprivoiser ces problèmes de maths, un pas à la fois.
Avec 10 phrases positives.
Prêt.e ? C’est parti !
Les 10 espressions défavorables pour 10 phrases positives
“Je n’étais pas non plus bon.ne en maths”
Léo, 11 ans
Léo a toujours eu quelques difficultés en maths et son arrivée en 6ème au collège n’a pas arrangé les choses. Sa maman voit comme il se débat et lui dit un jour pour le rassurer: “Ne t’inquiète pas, Léo. Je n’étais pas non plus bonne en maths quand j’étais à l’école”.
Soudain, c’est comme si un poids s’était enlevé de ses épaules car Léo commence à interpréter ces mots comme une justification de son incapacité à résoudre des problèmes mathématiques. Désormais il se pense: “Si maman n’était pas bonne en maths et que je suis son fils, alors c’est normal que je ne sois pas bon en maths non plus”.
Et désormais, au lieu de chercher des solutions pour s’améliorer, Léo commence à éviter les maths, persuadé qu’il ne pourra jamais les maîtriser.
Cette petite phrase inoffensive a fait naître un esprit fixe que la psychologue et chercheuse américaine Carole Dweck a identifié chez les élèves (cliquez ici vers l’article).
On est bon ou on ne l’est pas. Point.
L’alternative
Pourtant, si sa maman avait abordé la situation différemment, Léo aurait probablement adopté une attitude plus positive envers les maths. En lui disant par exemple :
Il se serait efforcé d’améliorer ses compétences, au lieu de simplement accepter ses difficultés et ses mauvaises notes en maths comme une fatalité.
“Les maths, c’est dur”
Emma, 10 ans
Emma rentre de l’école où elle a suivi son premier cours sur les tables de multiplications. Elle n’a pas trouvé ça très évident. Au dîner, elle demande à son père: “Papa, je ne comprends pas vraiment comment fonctionne la multiplication. Pourquoi 2 fois 3 fait 6 ?”.
Luc se rappelle ses propres luttes avec les mathématiques, et avec une petite grimace et sans réfléchir il lui répond “Oh, ma chérie, les maths sont dures. Je n’ai jamais été très bon non plus.”
Sans le vouloir, son père vient de donner à Emma le message que les mathématiques sont intrinsèquement difficiles – quelque chose à redouter plutôt qu’à explorer. La petite fille qui a toujours vu son père comme une figure compétente et fiable, son héros, pourrait désormais penser que si même lui trouve les maths dures, alors cela doit être vraiment impossible.
Une montagne infranchissable.
L’alternative
Luc pourrait l’encourager à perséverer et à trouver ensemble des ressources pour comprendre la multiplication. Et ainsi lui affirmer
Cela envoie le message que, bien que les maths puissent être difficiles, elles sont aussi quelque chose que Emma est capable de maîtriser avec du temps et des efforts.
“Tu n’as pas besoin de mathématiques dans la vie réelle”
Julien, 11 ans
Julien se débat avec ses devoirs de géométrie depuis presque une heure. Il en a assez. Alors il griffone une solution à son exercice qu’il sait peu convaincante, juste pour pouvoir enfin se plonger dans son jeu préféré, les légos.
Quelques minutes plus tard, son père fait iruption dans sa chambre, visiblement surpris et lui demande s’il a déjà terminé ses exercices de maths. Dans un mélange de mauvaise humeur et de honte, Julien lui tend son cahier.
“Mais c’est quoi ce résultat ? Ce n’est pas du tout ça”, lui assène son père. Et Julien de répondre, découragé “Je déteste les maths, papa ! Pourquoi dois-je apprendre ça, de toute façon ?”.
Et dans un moment d’exaspération son papa lui répond : “C’est vrai, tu as raison, tu n’as pas besoin de mathématiques dans la vie réelle. Mais tu en as quand même besoin pour réussir à l’école et avoir un bon métier plus tard”.
Ce que son père ne réalise pas, c’est l’effet à long terme que cette phrase a eu sur Julien. Il a ainsi involontairement limité l’interêt et le potentiel de son petit garçon en cette matière, les mathématiques.
Car les mathématiques sont en réalité fondamentales dans de nombreux aspects de notre vie quotidienne et de notre société.
L’alternative
Et puis deux années plus tard, Julien suit un cours de dessin technique. Il a bien du mal à comprendre les proportions et les échelles. Un camarade de classe, qui est fort en maths, l’aide à saisir que ces concepts sont en fait des applications des maths. Julien est surpris : il avait toujours pensé que les maths n’étaient pas nécessaires dans la vie réelle.
En se remémorant la déclaration de son père, Julien ressent une pointe de regret. Il réalise que son manque de compétences en maths l’empêche de réaliser pleinement son potentiel dans quelque chose qu’il aime – le dessin architectural. S’il avait su plus tôt l’importance des maths, il aurait peut-être abordé la matière avec plus d’enthousiasme.
Voilà une phrase qui aurait aidé Julien à persevérer et à voir les maths partout, dans les panneaux de signalisation, dans les parts de tarte, dans le rendu de la monnaie, dans le comptage des points au sport, dans le rythme des chansons ou dans l’agencement architectural de ses légos.
“Tu fais toujours des erreurs”
Max, 10 ans
Max commence à avoir des difficultés avec les fractions. Chaque fois qu’il fait une erreur, son père lui dit: “Tu fais toujours des erreurs”. Petit à petit, Max commence à avoir peur de faire des maths, il craint de faire des erreurs et cela freine son apprentissage. Il commence à penser qu’il n’est tout simplement pas “fait” pour les maths.
En effet, il voit erreurs comme des échecs, non pas comme des opportunités d’apprentissage.
L’alternative
“Tu fais toujours des erreurs” pourrait être :
Voilà une phrase qui donnerait à Léo une toute autre expérience d’apprentissage.
Car les erreurs font partie intégrante de notre parcours d’apprentissage, c’est en trébuchant qu’on apprend à se relever. Alors, plutôt que de se focaliser sur les faux pas, pourquoi ne pas aider nos enfants à voir comment ils peuvent s’améliorer ?
C’est en travaillant ensemble pour corriger les erreurs que nous les rendons plus autonomes et confiants en leurs capacités.
“Les maths, ce n’est pas pour toi”
Paul, 8 ans
Paul accumule les mauvaises en maths. Un soir, son père, frustré, laisse échappé “He ben Paul, les maths, ce n’est vraiment pas pour toi !”. En réalité, son père se sent impuissant face à cette situation. Effectivement, malgré l’aide qu’il lui a apporté à maintes reprises dans ses devoirs, rien ne semble fonctionner.
En fait, au lieu de l’aider, cette phrase fait en sorte que Paul se sente incompétent et sans espoir d’amélioration. Cette remarque s’ancre dans son esprit comme une vérité inébranlable. Alors, il arrête de faire des efforts en maths, pensant qu’il est inutile d’insister.
L’alternative
Cette phrase envoie le message que les difficultés sont temporaires et surmontables avec des efforts. Elle démontre également que l’adulte croit en la capacité de l’enfant à réussir et est là pour l’aider.
“C’était tellement plus simple de mon temps”
Antoine, 10 ans
Antoine s’attelle à son devoir de géométrie – des calculs de périmètres et d’aires qui le laissent perplexe. Son père, voulant l’aider, regarde le devoir et, en voyant ces figures et formules complexes et s’écrit avec nostalgie : “C’était tellement plus simple de mon temps …”.
En prononçant ces mots, son père espérait certainement soulager la tension et partager un moment de complicité avec son fils, montrer qu’il comprend sa lutte. Cependant, l’effet est mitigé.
Car Antoine se sent rassuré et frustré. Pour lui, la remarque de son père fait paraître ses difficultés presque insurmontables et le laisse avec le sentiment que ses problèmes vont être difficiles à résoudre.
Sa motivation et son estime de soi en prennent un coup, il se sent encore plus isolé face à ses devoirs.
L’alternative
Cette phrase a plusieurs avantages :
- Elle reconnaît que les méthodes ont évolué, ce qui valide les difficultés d’Antoine.
- Elle offre une perspective d’unité et de soutien, soulignant que l’adulte est prêt à se mettre au défi d’apprendre les nouvelles méthodes avec l’enfant.
“Tu n’essaies pas assez”
Clara, 9 ans
Clara lutte avec les problèmes de fractions. Elle fait de son mieux, mais elle ne parvient pas à comprendre comment diviser une fraction par une autre. Un jour, sa mère, impatiente et irritée, lui dit : “Tu n’essaies pas assez”.
Cette remarque laisse Clara désemparée et coupable, comme si elle était responsable de ses difficultés. Elle se sent encore plus perdue et sa motivation pour apprendre les mathématiques s’effrite doucement.
L’alternative
Cette phrase reconnait l’effort de l’enfant et encourage la persévérance. Elle montre également que l’adulte est disponible pour soutenir l’enfant et cherche des solutions pour l’aider à progresser.
“Il suffit de mémoriser les formules !”
Thomas, 13 ans
Thomas est en quatrième au collège. Il a toujours eu du mal avec les maths. Un soir, alors qu’il fait ses devoirs avec son père, il se félicite d’avoir mémoriser soigneusement chaque formule de son cours.
Mais, lorsqu’il se confronte à un problème qui nécessite l’application de ces formules dans un contexte différent, il est perdu. Exaspéré par les luttes constantes avec les devoirs, son père lui lance: “Mai il suffit de mémoriser les formules, Thomas!”
En fait, le jeune ado n’a pas compris le concept derrière la formule, il l’a juste mémorisée. Il se sent frustré et confus, et se demande pourquoi il n’arrive pas à résoudre le problème alors qu’il a fait ce que son père lui a dit de faire.
L’alternative
Tu as toutes les indications mais tu ne sais pas les interpréter,
alors tu ne pourras pas trouver le magot”
Cette phrase alternative encourage une approche d’apprentissage basée sur la compréhension et la logique, plutôt que sur la mémorisation brute.
Elle invite l’enfant à comprendre le pourquoi et le comment d’une formule, à en comprendre le sens et à se familiariser avec son utilisation, ce qui est essentiel pour une utilisation flexible et créative des mathématiques.
“C’est juste une question de logique, pourquoi tu ne comprends pas ?”
Alexis, 11 ans
Alexis est une élève dérieuse de sixième et a du mal à comprendre les fractions. Un jour, sa mère, dans un élan de frustration, lui dit : “C’est juste une question de logique, pourquoi tu ne comprends pas ?”
Alexis se sent immédiatement mal. Elle comprend que sa mère pense que la tâche est facile et que le problème vient d’elle, ce qui lui fait croire qu’elle est incapable de comprendre. D’abord, elle commence à éviter les maths, craignant d’être confrontée à d’autres situations où elle se sentirait dépassée, trop bête pour comprendre.
Puis, elle perd peu à peu confiance en elle.
L’alternative
En affirmant cela, elle montre à Alexis qu’il est normal de trouver des concepts difficiles à comprendre au début, et que l’important est de persévérer et d’essayer de comprendre, étape par étape.
Avec cette nouvelle approche, la jeune fille se sent moins stressée et plus capable de comprendre les fractions.
“Pourquoi tu n’y arrives pas alors que ton frère/ta sœur y arrive sans effort ?”
Marc, 12 ans
Lisa et Marc sont soeur et frère. Lisa est naturellement douée pour les maths, tandis que Marc a beaucoup de mal à en comprendre les concepts.
Lorsque leur mère dit à Marc: “Pourquoi tu n’y arrives pas alors que Lisa y arrive sans effort ?”, il se sent diminué et découragé. Il commence à croire qu’il n’est tout simplement pas “fait” pour les maths et que quoi qu’il fasse, il ne sera jamais aussi bon que sa sœur.
En fait quand un parent fait de telles comparaisons entre enfants, sans volonté de malveillance, cela peut créer une atmosphère de compétition et un sentiment d’infériorité chez l’un. Cela peut entraîner aussi du ressentiment, de la jalousie et un faible estime de soi.
C’est un peu comme si on comparait la vitesse à laquelle deux fleurs différentes poussent. Chacune a son propre cycle de vie et ses propres besoins. De même, chaque enfant a son propre rythme d’apprentissage, ses propres forces et ses propres défis.
L’alternative
Cette phrase reconnaît que chaque enfant est unique et que les difficultés font partie du processus d’apprentissage.
Elle encourage également la persévérance et souligne l’importance de travailler à son propre rythme, ce qui peut aider Marc à retrouver confiance en lui.
Pour récapituler : les 10 phrases positives
Sans elles, nous n’aurions ni musique, ni danse, ni œuvres d’art à admirer.
Alors, voyons les mathématiques comme les épices qui donnent du goût à notre quotidien, même si nous préférons les saveurs d’autres disciplines !”- Mark Twain
Nos mots ont un impact profond sur nos enfants et leur relation aux mathématiques. En choisissant nos paroles avec bienveillance, nous leur ouvrons les portes de la curiosité et de la confiance.
Voici quelques points importants à garder à l’esprit quand vous utiliserez ces 10 phrases positives pour soutenir votre enfant dans son apprentissage des mathématiques :
- Nourrissez la curiosité mathématique de votre enfant en explorant ensemble la pertinence des mathématiques dans la vie quotidienne.
- Célébrez les efforts et les progrès de votre enfant, qu’ils soient petits ou grands, pour renforcer sa confiance en lui.
- Soyez un modèle positif en montrant votre enthousiasme et votre intérêt pour les mathématiques, même si ce n’est pas votre domaine de prédilection.
- Encouragez l’apprentissage ludique des mathématiques en utilisant des jeux et des activités pratiques pour rendre l’expérience plus amusante et engageante.
- Montrez à votre enfant que les erreurs sont des occasions d’apprendre et de grandir, et encouragez-le à persévérer face aux défis mathématiques.
- Faites preuve de patience, de soutien et de compréhension lorsqu’il rencontre des difficultés, en créant un environnement positif où il se sent en confiance pour explorer les mathématiques.
En somme, ces 10 phrases positives accompagnent votre enfant dans son voyage mathématique pour cultiver une passion durable et développer des compétences précieuses.
Sources
https://www.cairn.info/la-boite-a-outils-de-la-psychologie-positive-au-tr–9782100776375-page-32.htm
Article très intéressant. La façon dont on formule les erreurs que les enfants font est très importante pour leur apprentissage. Merci pour toutes ces formulations très utiles. 👍
Tout à fait Asma,les mots ont un grand pouvoir sur nous tous et sur les enfants tout particulièrement