Mais pourquoi la mémorisation a-t ’elle autant d’importance dans l’apprentissage ?
C’est la question que je me suis posée quand j’ai découvert ces quelques mots de Benjamin Franklin
Se rappeler, se souvenir est la preuve qu’on a appris, nous disent les dernières recherches en neurosciences (1). Car apprendre, c’est avant tout retenir un grand nombre d’informations.
Effectivement, comment pourrait-on lire ou écrire sans parvenir à se souvenir se rappeler les sons, les noms, les formes des lettres pour « savoir écrire » ? Impossible me dîtes-vous.
C’est pourquoi mémoriser de manière durable est essentielle pour nos enfants afin qu’ils apprennent et continuent de le faire avec enthousiasme dans un monde qui va de plus en plus vite et qui leur demanderont d’en savoir plus pour pouvoir compter.
Je vous propose donc 3 stratégies qui vont constituer le terreau fertile pour un apprentissage simple, efficace et surtout heureux.
Apprendre et retenir plus facilement de 3 façons
Comment j’améliore mon attention 👁️🗨️
STOP ! Regardons ensemble cette vidéo et passons passez le test. Allez-y, c’est parti !
Ce que nous apprend ce test (que vous avez passé avec brio j’en suis certaine) est que :
- Quand nous sommes attentifs, nous sommes sélectifs : on ne « voit » pas tout au même niveau. Dans cet exemple, on ne regarde que les passes de balle et du coup on fait … l’impasse sur le gorille.
- Et pour pouvoir être (vraiment) attentifs: il nous faut un objectif. Comprendre pourquoi on doit prêter attention. Ici, c’est parce qu’on a une directive claire de comptage au départ qu’on parvient à focaliser notre attention.
Ces deux observations ont abouti à deux concepts : la multitâche (parce que l’attention est sélective) et le projet de sens (parce que l’attention a besoin d’un objectif).
La multitâche ou exécuter au moins deux tâches simultanément
Traiter deux tâches (ou plus) en même temps, est- ce possible ? Vous aurez tendance à acquiescer. On marche bien tout en discutant, non ?
En fait les études publiées en 2005 par les neurologues Sylvain Baillet, Claire Sergent et Stanislas Dehaene ont identifié le phénomène de « clignement attentionnel » quand nous faisons 2 choses simultanément.
Quand le cerveau cligne, il nous permet ainsi, de manière inconsciente, d’interrompre pendant 0.25 seconde (un quart de seconde) notre attention sur une activité pour passer à l’autre, et vice-versa.
Cependant ajoutent les experts, faire 2 tâches en même temps n’est vraiment possible que si elles ne font pas appel aux mêmes fonctions cérébrales.
Le projet de sens
Avec la gestion mentale – une méthode qui décrit comment prendre conscience de ses habitudes cognitives ou mentales pour mieux apprendre – le pédagogue Antoine de la Garanderie a popularisé le projet de sens.
Le projet de sens, c’est la raison qui nous pousse à apprendre, et la manière avec laquelle nous canalisons notre attention sur l’information à retenir. Pour les élèves, elle est cruciale ; c’est d’abord, est-ce que j’apprends pour le redire ? pour le refaire ? Pour le savoir pour demain, la semaine prochaine, toujours ? Pour le réutiliser une fois, plusieurs fois, tout le temps ?
Mais c’est aussi, par exemple, est-ce que, pour moi, savoir quelque chose c’est connaître la règle ou est-ce comprendre comment utiliser cette règle ? Ou encore: pour être attentive, ai-je besoin de connaître le résultat à obtenir ou le pas-à-pas me convient mieux ?
On l’a compris, ce processus d’apprentissage qu’est la gestion mentale est avant tout une introspection cognitive qui permet d’analyser concrètement ses propres processus mentaux pour apprendre mieux, et à sa manière.
Avec le projet de sens, on structure l’attention et on offre un cadre de rétention de l’information à long terme.
Comment améliorer mon attention en pratique
Cela se passe en deux temps.
On commence donc par bannir la multitâche au profit de la monotâche. Une seule tâche à la fois pour éviter qu’en passant d’une activité à une autre on ne perde des informations et donc qu’on fasse des erreurs par la suite.
D’ailleurs, je me rappelle qu’en mathématiques, j’avais tendance à faire des fautes dans mes devoirs sur table, même en me relisant. En fait, j’effectuais une relecture globale (multitâche) alors que j’aurai du revoir ma copie en 3 monotâches pour optmiser mon attention :
- D’abord je vérifie que j’ai bien utilisé la(les) bonne(s) méthode(s)
- Ensuite, je vérifie que je parle la bonne langue mathématique avec le bon vocabulaire
- Enfin, je m’assure que les calculs sont corrects
La deuxième astuce est d’identifier son projet de sens (l’objectif de l’apprentissage), c’est ce qui va permettre une attention maximum et un apprentissage serein et pérenne.
De plus, comme l’attention demande de l’énergie, on se ménagera des moments de relâche pour que le cerveau décompresse. Ce dernier vous en sera plus que reconnaissant quand il devra se mettre à nouveau en état d’«attention » pour apprendre.
Comment je fais des connexions entre les connaissances 🧠
Nous avons 100 milliards de neurones dans notre cerveau et chacun d’eux peut être connecté à 10.000 autres, créant ainsi le un incroyable et interminable réseau de communication neuronal par lequel elles se transmettent des informations.
Et Certaines de ces autoroutes cérébrales (que la chimie et l’électricité rendent possible) forment la mémoire de travail, des voies qui tendent à rediriger l’information vers les sorties quand elle la juge inutile ou à la reconduire vers les voies rapides (c’est-à-dire vers la mémoire à long terme) quand elle la juge indispensable.
Certaines études (2) l’ont montré : la mémoire de travail de l’être humain ne peut retenir que 7 informations en moyenne en même temps.
Alors comment faire pour améliorer la rétention d’information avec cette limitation de la mémoire de travail ?
La réponse tient en un mot : connexions.
Comment je fais des connexions en pratique
On peut ainsi apprendre à gérer les capacités de la mémoire de travail avec les astuces suivantes
Tout d’abord grâce à cette pratique neuroscientifique de faire des connexions entre connaissance, le tronçonnage ou « chunks » en anglais. On va ainsi faire croire au cerveau qu’il traite une seule information alors qu’on lui en a fournit plusieurs dans un seul paquet.
On peut aussi rechercher des points communs et faire des comparaisons pour retenir mieux.
Par exemple : si on maîtrise la table de 2, on se dit que la table de 4 c’est celle de la table 2 multipliée par 2.
Si connaît la table de 2x… alors 4x … c’est comme 2x2x…
Si connaît 2x6 =12 alors 4x6 c’est comme 2x(2x6) soit 24
Si on sait 2x5=10 alors 4x5 c’est en fait 2x(2x5) soit 20
D’après les dernières études de neurosciences, on ne peut pas augmenter la taille maximale de notre mémoire de travail mais rassurez-vous on peut le faire de notre mémoire à long terme.
Comment je compare pour mieux retenir 🤼♂️
Cette phrase vous rappelle quelque chose ?
Et là vous lui avez sans doute répondu que connaître la règle était nécessaire mais pas suffisant. En effet, les exercices sont là pour s’entrainer et acquérir des automatismes qui vont lui permettre de soutenir des réflexions plus complexes.
En fait, comprendre les exemples et les exercices, c’est comme faire des muffins: on a besoin de la recette et des ingrédients. Ce qui est génial (et délicieux) est qu’on peut remplacer les pépites de chocolat par des fruits secs ou par des noix ou des framboises. En d’autres mots, quand on maîtrise sa règle-recette on peut s’amuser à habiller nos muffins avec des pépites-exercices. Et faire des mathématiques en cuisinant devient alors un vrai délice.
C’est exactement ce que fait notre cerveau, il fonctionne par associations, il compare, il oppose, il assemble pour comprendre et retenir.
Antoine de la Garanderie a conceptualisé ce phénomène à travers les gestes mentaux de compréhension et de réflexion. Ainsi, je cherche le sens de l’information évoquée dans mon univers mental en la confrontant aux autres informations existantes (compréhension) mais aussi aux règles qui lui sont attachées (réflexion) (cliquez ici vers l’article).
Comment je compare pour mieux apprendre en pratique
Je m’entraine et je refais de différentes manières. Car comme l’ont prouvé les dernières études de l’organisme australien NSW sur la recherche cognitive (3) , mémoriser à long terme c’est être capable de traiter une information de différentes manières.
Pour récapituler
Nous avons vu ensemble 3 stratégies pour l’aider à se rappeler se souvenir plus facilement de ce qu’il apprend:
- Un meilleure attention
- Des connections entre les connaissances plus efficientes
- Des comparaisons qui enrichissent l’activité du cerveau et qui produisent des automatismes
Les neurosciences apportent sans cesse de nouvelles découvertes, déshabillent des mythes ou renforcent des intuitions cognitives.
Alors, au plaisir de vous les partager et à vous, de les accueillir 🌼
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Sources
(1) Focus on learning and memory – Nature Neuroscience
(2) https://sciences-cognitives – AFSC-Fiche-theorique-La-memoire-de-travail.pdf
(3) https://thedecisionlab.com/reference-guide/management/the-eisenhower-matrix
Merci pour cet article super intéressant 😉 J’ai beaucoup aimé le passage sur les tables de multiplication. Gros sujet d’actualité pour mon fils en ce moment et pas mal de prise de tête pour moi 😉
C’est un article très clair et très intéressant ! Les neurosciences me passionnent ! Merci pour cet article !
Ton article est vraiment très intéressant, merci beaucoup pour ce partage ! J’ai d’ailleurs une petite note à côté de mon écran avec cette citation “Tu me dis, j’oublie. Tu m’enseignes, je me souviens. Tu m’impliques, j’apprends” 🙂
Merci pour ces excellents conseils! J’aime beaucoup cette citation! Je me rappelle comme les cours de français me semblaient rébarbatifs parce que dénué de sens. Maintenant que je m’intéresse aux règles d’écriture pour pouvoir écrire moi-même, je retiens bien plus facilement!
Merci pr cet article très instructif ! L’avantage c’est que tes méthodes peuvent concerner aura t les enfants que les ados !
Merci pour cet article utile à tous et dans toutes les situations du quotidien!
Je ferai attention au côté multitâche qui parfait peut être contre productif.
Bravo pour ton engagement Caroline ! Une tâche à la fois en étant pleinement consciente, ça fait partie du secret de la réussite