La pedagogie positive : apprendre avec le corps

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apprendre avec le corps cul sur chaise
« L’idée que, poser le cul sur une chaise à des enfants ou à des adolescents pendant des heures et des heures chaque semaine les rend mieux formés, est une connerie prodigieuse ».

Cette phrase étonnante est celle de Pierre Gumbel, professeur à Sciences Po, journaliste et auteur un article très controversé en 2010 On achève bien les écoliers : les désarrois de l’élève français.

Après nos deux articles précédents consacrés à la pédagogie positive et son approche tête coeur et corps (comment apprendre avec la tête et comment apprendre avec le coeur) , nous fermons le volet de cette trilogie avec “comment apprendre avec le corps”.

Rappelez vous  …

En classe, vous aviez cette manie de mâchouiller vos crayons,  de dandiner du pied sous la table, de prétexter une soudaine envie de pipi, ou de lancer une boule de papier à un copain. Tout ceci car vous aviez une atroce envie de bouger et de chasser ces fourmis dans les jambes et dans le corps.

Et quand la cloche sonnait enfin, vous vous précipitiez dans la cour de récréation avec délectation. Puis, de retour en classe, vous vous sentiez revigoré, et en même déjà un peu frustré par les prochaines heures pendant lesquelles vous alliez devoir resté immobile et silencieux pour apprendre.

Vous en aviez l’intuition, quelque chose clochait : il vous fallait soit plus de récré ou soit plus de liberté de mouvement en classe.

Apprendre avec le corps : Mens sana in corpore sano

« Un esprit saint dans un corps sain »

 

Désormais, la science l’a montré à travers plusieurs études américaines de l’Ohio State University (2):

  • Les élèves apprennent mieux après une pause pendant laquelle ils ont pu bouger
  • Ceux qui font au moins 1h de sport après l’école ont de meilleures capacités d’attention et d’apprentissage

Comme le résument les expertes en pédagogie positive Audrey Akoun et Isabelle Pailleau :

« Utiliser le corps pour apprendre, c’est favoriser le développement des fonctions cognitives des enfants. »

 

Les lecteurs de cet article ont également lu :  La pedagogie Steiner

Alors, qu’a donc besoin le corps pour être “au top de sa forme” pour l’apprentissage ?

Nous allons faire le tour des 5 besoins physiologiques fondamentaux du corps humain pour le comprendre.

 

Apprendre avec le corps :  Respirer

apprendre avec le corps respirer

Comme toutes les parties et tous les organes de notre corps, le cerveau a besoin de l’oxygène de l’air pour fonctionner. Le cerveau, c’est 2% de notre masse corporelle et pourtant il consomme jusqu’à 25% de l’oxygène inspiré !

Cet apport d’oxygène lui est vital car ils assurent la bonne marche des cellules du système nerveux et donc des neurones, alliées indispensables pour l’apprentissage (1)

 

Apprendre avec le corps : Boire … de l’eau (de préférence )

apprendre avec le corps boire

Dans notre cerveau, il y a 100 milliards de neurones qui assurent la transmission des messages nerveux. Pour faire court, c’est grâce à des réactions électrochimiques que les neurones propagent les informations sous formes de signaux électriques appelés messages nerveux.

Et quel est l’un des meilleurs conducteurs électriques ? L’eau !

Donc boire régulièrement de l’eau est absolument essentiel pour faire marcher son cerveau de manière optimale, pour permettre une meilleure transmission des informations dans le cerveau et par conséquent permettre aux enfants de mieux réfléchir, se concentrer et mémoriser.

 

Apprendre avec le corps : Manger

apprendre avec le corps manger

Le cerveau, c’est 2% de notre masse corporelle et pourtant il consomme 20% de la ration calorique !

Comme nos champions sportifs LeBron James, Tony Parker, Teddy Riner ou Kylian Mbappé qui suivent des programmes alimentaires adaptés pour leur performance physique, nous en avons, nous aussi, besoin pour améliorer notre performance cérébrale. Après tout le cerveau est une partie du corps comme les autres !

D’après de nombreuses études et notamment celle de la Fédération de la Recherche sur le cerveau FRC (3) , voici les règles d’or d’une assiette quotidienne pour une bonne fonction cérébrale :

Les vitamines

Notamment les vitamines du groupe B et les vitamines C et D.

Les vitamines du groupe B favorisent le transport de l’oxygène dans notre organisme. On les trouve en grande proportion dans les céréales complètes, les fruits secs et les œufs.

Les vitamines C et D protègent le cerveau contre le stress et le déclin intellectuel. Elles sont particulièrement présentes dans les agrumes, les fruits de mer, la banane.

Les oméga-3

Essentiels pour la génération des neurones, les oméga-3 se retrouvent dans les poissons gras (saumon) et les huiles végétales (noix, colza)

Les Sucres

Le cerveau raffole des sucres rapides car le glucose est sa principale source d’énergie. Comme il en consomme beaucoup, préférez le miel plutôt que le sucre raffiné. En effet, le miel a une charge glycémique plus forte, c’est-à-dire qu’il apporte un même goût sucré à nos papilles pour une quantité moindre en volume que le sucre.

 

 

Apprendre avec le corps : Dormir, se relaxer et se recentrer

apprendre avec le corps se recentrer se relaxer dormir

Bien dormir

Il vous est sans doute arrivé de vous acharner sur un problème jusque tard dans la soirée et finalement de jeter l’éponge en vous disant “je verrai ça demain à tête reposée“. Et, magiquement, le lendemain à votre réveil, vous trouvez la solution en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Effectivement, pendant votre sommeil, votre cerveau a activé les connexions des neurones et a ainsi favorisé le traitement des informations et la mémorisation.

Les lecteurs de cet article ont également lu :  La Pedagogie Montessori Sensorielle

Hé oui, une nuit de repos et hop ! Enfin, une bonne nuit de sommeil. Car pour que le cerveau se développe de manière optimale, il lui faut en générale un minimum de 7 à 8 heures de sommeil par jour.

Cependant, la fatigue ou le manque de sommeil chez les enfants et surtout chez les ados s’est accentué ces dernières années avec l’avènement des nouvelles technologies (médias sociaux, téléphone portable, tablettes). Ainsi, ils veillent jusque tard dans la nuit sur leur téléphone quand ce dernier ne vibre pas sous l’oreiller au moindre message de leur tribu.

De plus, le manque de sommeil est néfaste à l’apprentissage car un enfant fatigué sera moins concentré, moins attentif, moins disposé à mémoriser et à rester concentré. Et, si la dette de sommeil est significative, les émotions négatives telles que la colère ou l’irritabilité prennent le dessus et bloquent l’apprentissage.

 

Bien se recentrer par la visualisation positive

La visualisation positive est une composante de la sophrologie.

La sophrologie ou la science de la conscience harmonieuse a été créé en 1960 par le neuropsychiatre Alfonso Caycedo à partir des pratiques de hypnose traditionnelle, de relaxation, de méditation orientale et de la neuropsychiatrie. Ses 3 piliers sont la respiration, la détente musculaire et la visualisation positive.

La visualisation positive a pour but d’apprivoiser les émotions négatives. Comment ?

Les expertes en pédagogie positive Audrey Akoun et Isabelle Pailleau proposent aux parents d’apprendre aux enfants à accueillir leurs émotions et choisir d’y mettre de la distance par rapport à soi. L’enfant va donc à travers les outils suivants pouvoir déplacer cette émotion négative en l’associant un objet physique. Par exemple, il va :

  • enlever le manteau de la colère,
  • mettre sa boule de colère dans la boîte à problèmes, ou encore
  • vider ses billes de colère dans son sac à soucis.

Avec la visualisation positive, votre enfant crée de nouvelles connexions dans son cerveau.  De pratique en pratique, il consolide ses chemins neuronaux et reformatte à long terme son cerveau en mode positif.

La méditation ou la mindfullness

Faire confiance à ce qui va arriver. Sans naïveté, mais avec curiosité, sans cesser d’être attentif. Comme un nageur qui interrompt ses mouvements et se laisse porter par le cours du fleuve. Il ne s’agit pas de passivité mais de présence.

 

Par ces mots, Christophe André, psychothérapeute,  introduit l’usage de la méditation de pleine conscience en psychothérapie. Cette pratique  permet une “approche positive qui apaise les émotions, apprend à focaliser son attention et développe l’acceptation de la réalité“.

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Apprendre avec le corps : Bouger

apprendre avec le corps bouger

De ces travaux et nombreuses observations, la pédagogue Maria Montessori (cliquez vers l’article) en a tiré la conclusion que

« L’enfant ne peut pas penser sans ses mains »

 

Intégrer le corps et le mouvement dans la pédagogie et à l’école, tel est l’objectif de la pédagogie positive.  Outre les bienfaits du sport et de l’activité physique sur le cerveau, c’est une nouvelle façon de reconciler le corps et l’esprit, le corps et l’apprentissage, quotidiennement et en salle classe qui ferait toute la différence.

Les autrices Akoun et Pailleau proposent alors le brain gym pour y parvenir. Le brain gym, c’est 26 mouvements pour améliorer les capacités cognitives telles que concentration, la motivation, la motricité fine et la mémoire ou bien encore apprendre à mieux gérer le stress et prendre confiance.

Un exemple d’exercices de brain gym est le “8 couché”:

Demandez à votre enfant de tendre un bras devant lui, à hauteur des yeux, le pouce pointé vers le plafond.
Invitez-le à tracer lentement dans l’espace la forme d’un grand huit couché en commençant par le centre et en partant vers le haut.
Faites-lui suivre le mouvement de la main avec les yeux. Faites-lui faire le mouvement trois fois avec une main, puis trois fois avec l’autre et enfin trois fois avec les deux mains rassemblées.
Le mouvement du huit couché améliore la coordination et l’équilibre, ainsi que la vision binoculaire, nécessaire pour l’apprentissage de la lecture par exemple. Il permet aussi de se concentrer plus facilement.

 

Conclusion : pour récapituler

recap

Ça y est ! Vous savez tout comment apprendre avec son corps ! et il est temps de passer le relai 🏃🏽‍♀️🏃🏽‍♂️

Alors, aidez votre enfant à  :

  • Respirer à pleins poumons
  • Boire de l’eau régulièrement
  • Manger équilibré et faire le plein de vitamines C, D et du groupe B
  • Bien dormir (7 à 8 h par nuit)
  • Agir en pleine conscience : savoir prendre du recul
  • Se relaxer
  • Alterner exercices physique et cerébral

Et  n’hésitez à revoir notre trilogie de l’approche tête coeur et corps de la pédagogie positive et à la mettre en pratique pas à pas et avec joie !

Écrivez et partagez vos retours d’expériences en commentaires, ce sera un bonheur de vous lire 😃

Sources

(1) https://bmcbiol.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12915-020-00811-6

(2) https://healthland.time.com/2012/12/31/yay-for-recess-pediatricians-say-its-as-important-as-math-or-reading/

(3) Fédération de la Recherche sur le Cerveau – alimentation

« La pédagogie positive » – Audrey Akoun et Isabelle Pailleau (Eyrolles, 2013).

« Méditer, jour après jour » – Christophe André (L’iconoclaste, 2011).

3 Comments

  1. Merci pr cet article très complet ! Les conseils que tu donnes dont presque celles que nous adultes nous devons utiliser ! Je suis d’accord avce toi un esprit sain ds un corps saint change tout !

  2. Merci pour cet article qui met en évidence l’interdépendance du corps et de l’esprit. Il n’y a de bonne santé et donc de bon apprentissage que dans l’harmonie corps/âme/esprit 🙂

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