La pedagogie positive

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La pédagogie positive ?  C’est d’abord l’histoire de deux femmes Audrey Akoun et Isabelle Pailleau, deux professionnelles de l’apprentissage, l’une thérapeute comportementalise et l’autre clinicienne du travail et de l’apprentissage. Elles ont décidé de tordre le cou à 6 mythes ancrés dans la croyance populaire pour proposer une méthode d’apprentissage qui rassemble le meilleur des pédagogies de ces 100 dernières années.

Les mythes

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Mythe numéro un : il faut souffrir pour …

S’il est vrai que l’enfant en devenir va devoir affronter dans la vie des épreuves difficiles, il n’est pas nécessaire de lui donner dès à présent un avant-goût de ce qu’il attend.

D’ailleurs, d’après les résultats des neurosciences affective et sociales (NAS), nous savons que le stress n’est pas bon pour l’apprentissage, ni pour la plasticité du cerveau.

Au contraire, une “attitude chaleureuse et soutenante – soutien et encouragement- améliore la mémoire, l’apprentissage, et permet une meilleure régulation des émotions.” – Dr Catherine Gueguen.

Le rôle des éducateurs est donc plutôt de permettre à l’enfant de développer la confiance en soi, l’ estime de soi tout au long de sa croissance afin qu’il ait les outils et les compétences pour faire face aux défis de la vie.

 

Mythe numéro 2 : c’est héréditaire !

Les croyances génétiques ont « la dent dure » !  On entend souvent « dans la famille, on n’a pas la bosse des maths » ou encore « on est nul en langues ».

L’appartenance à un groupe est cruciale pour l’être humain, et ceci depuis la préhistoire où l’exclusion de la tribu de l’homme de Cro-Magnon était synonyme de mort. On comprend alors pourquoi la filiation soit si puissante et tant recherchée. Mais en même temps ce sentiment d’appartenance génère un esprit fixe ou de résignation, c’est-à-dire qu’on pense que les dés sont jetés dès le départ : « on a du talent ou on n’en n’a pas », « soit on est intelligent, soit on ne l’est pas » « si j’ai besoin de travailler autant, c’est que je ne suis pas si intelligent. e ».

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Les travaux de la psychologue Carole Dwerk lui préfèrent l’esprit de croissance car il motive sur la possibilité de changer et sur le fait d’effectuer des efforts pour y parvenir.

 

Mythe numéro 3 : « je sais pas ! »

Quand l’adulte pose une question et que la réponse de l’enfant « je ne sais pas » fuse, il y a très probablement là-dessous la peur de se tromper et de paraître idiot.

D’ailleurs, cette pensée de l’enfant paraît justifiée par certaines remarques d’éducateurs qui sous le coup de l’impatience de voir leur apprenant progresser s’entendent dire « si c’est pour dire ces bêtises, tu ferais mieux de ne rien dire ».

Or l’erreur est utile, nécessaire, normale (cliquez vers l’article) car « c’est un épisode dans la restructuration l’élargissement des connaissances » – Régine Douady, ancienne directrice de l’institut de recherche des mathématiques.

 

Mythe numéro 4 : je suis bon/je suis nul – j’aime/j’aime pas

Il faut reconnaître qu’on aime rarement une discipline pour laquelle on rencontre des difficultés.

En général, on aime ce qu’on réussit.

Comme le faisait remarquer Steve Jobs sur le succès de ses produits Apple, si on aime ce qu’on fait, on devient passionné, on développe son expertise, son talent et notre travail n’en devient que meilleur.

Par conséquent, adopter un esprit de croissance c’est-à-dire fonder sa réussite sur le travail permet de déconstruire cette manière de penser binaire doué/pas doué ou adore/déteste.

 

Mythe numéro 5 : « je peux faire 2 choses à la fois ! »

« L’effort est dilué au milieu d’activité plus sympathique, ce qui donne bonne conscience et l’illusion de bien travailler en s’appuyant sur la croyance que peut faire plusieurs choses à la fois. » – Audrey Akoun.

La multitâche est à bannir absolument ! Nous avons vu dans l’article sur l’effet Zeigarnik dans l’apprentissage que le cerveau ne sait pas gérer 2 tâches en même temps sous peine de surcharge mentale.

Il faut lui préférer le découpage en plusieurs petites actions d’une grosse tâche et une attention complète sur chacune de ses actions.

 

Mythe numéro 6 : « j’ai la mémoire d’un poisson rouge … »

En fait l’activité mémorielle est très fortement liée à 5 facteurs :

  • L’intérêt
  • La motivation
  • Le projet de mémorisation
  • Le niveau de difficulté
  • L’état physique et émotionnel.
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Imaginons que je n’aime pas les fractions (intérêt)et que mon objectif est de remonter ma moyenne en maths et avoir ainsi le droit d’aller à un concert du groupe de rock Muse (motivation) alors je vais sans aucun doute rassembler toutes mes facultés cognitives (projet de mémorisation) pour réussir.

Ainsi face à ces mythes récurrents sur l’apprentissage, les autrices proposent 5 réalités qui forment les piliers de leur pedagogie positive.

 

La pedagogie positive : les 5 réalités

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Réalité numéro un : apprendre, c’est découvrir

Découvrir qui on est, trouver sa voie, ses goûts, ses qualités, ses défauts et oser.

C’est construire sa confiance en soi, c’est découvrir comment on apprend.

D’ailleurs, le philosophe et pédagogue Antoine de la Garanderie a identifié 3 langues maternelles ou mentales, 3 profils d’apprentissage ou de compréhension. Pour connaître sa langue mentale dominante, on se pose la question : comment je retiens et j’apprends le mieux ? Est-ce que c’est quand je vois ? J’entends ? ? Je ressens ?

De plus, le psychologue du développement Howard Gardner a découvert qu’il existe 8 intelligences chez chacun d’entre nous : logico-mathématique, verbo linguistique, visuo-spatiale, kinesthésique, musico-rythmique, interpersonnelle, intrapersonnelle et naturaliste (cliquez vers l’article). Nous sommes donc tous intelligents.

En effet, apprendre c’est comprendre qui on est, comment on apprend et ainsi conquérir ou reconquérir sa confiance en soi.

 

Réalité 2 : c’est vivre avec les autres

D’après la chercheuse canadienne Dr Linda Campbell, si on sollicitait régulièrement les 8 intelligences identifié par Gartner, « 80% des échecs scolaires pourrait être évitée grâce aux intelligences multiples ».

L’une d’entre elles, sous-exploitée et peu valorisée à l’école, est l’intelligence extrapersonnelle : le savoir-être ensemble ça s’apprend dès la maternelle, apprendre à être empathique comprendre l’autre à interagir avec lui. Mais plus tard dans la scolarité, elle est reléguée derrière les compétences académiques verbo linguistique et logico-mathématique.

Or, elle est essentielle dans l’éducation pour que les enfants deviennent des adultes, des citoyens confiants et conscients du monde qui les entourent.

 

Réalité numéro 3 : apprendre, c’est apprendre avec sa tête

La pedagogie positive tire une grande partie de ces pratiques, des travaux des experts en éducation Maria Montessori, Rudolf Steiner et Antoine de la Garanderie, notamment de leurs approches éducatives (successivement l’éducation ouverte, l’équilibre des matières intellectuelles artistiques et manuelles et les gestes mentaux) Autant de clés humanistes pour accompagner l’enfant dans la découverte de lui-même et de ses capacités cognitives.

 

Réalité numéro 4 : apprendre, c’est apprendre avec son cœur

Les neurosciences ou sciences du cerveau ont émergé dans les années 70 par les neurosciences cognitives c’est-à-dire l’analyse des mécanismes du cerveau tels que de l’attention, la mémoire, la pensée ou le langage.

Ce n’est qu’à la fin du 20e siècle que les Neurosciences Affectives et Sociales (NAS) ont poussé leur premier cri de bébé. Leur rôle est d’étudier les mécanismes cérébraux en ce qui concerne les émotions et les capacités relationnelles et leur impact sur le développement de la personne et de son cerveau.

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De ces travaux, nous savons que l’apprentissage n’est pas seulement une affaire intellectuelle mais qu’elle est aussi émotionnelle.

Par exemple, un enfant peut rencontrer des difficultés à la lecture par peur de se tromper.

 

Réalité numéro 5 : apprendre, c’est apprendre avec le corps

« Une tête bien faite dans un corps bien fait » reste un excellent adage !

« L’idée que poser le cul sur une chaise à des enfants ou à des adolescents pendant des heures et des heures chaque semaine les rend mieux formés est une connerie prodigieuse » – Pierre Gumbel. Une pensée que partagent les autrices sur la nécessité des apprenants de reconnâitre les besoins de leurs corps.

De plus, la doctoresse en psychologie et pédiatre Catherine Gueguen souligne d’ailleurs combien un environnement sécurisé, c’est-à-dire aimant et soutenant traduit par tes gestes encourageants de l’adulte, a des effets extrêmement positifs sur la capacité d’apprentissage de l’enfant.

 

La pedagogie positive, en pratique, ça donne quoi ?

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C’est ainsi qu’à partir de ces 5 constats que les expertes Akoun et Pailleau ont édifié une nouvelle approche d’apprentissage qui est la base de la pedagogie positive :  l’approche tête cœur et corps. Une méthode qui prend racine dans les théories et pratiques des pédagogues Maria Montessori, Rudolf Steiner et Antoine de la Garanderie, et forment ainsi les piliers de leur pédagogie.

Réconcilier l’être humain avec toutes ses capacités physiologiques et émotionnelles (tête, coeur et corps) pour apprendre, c’est la volonté des autrices qui voit l’enfant comme un être complet et complexe.

Une méthode qu’elles ont mis en place pour améliorer et libérer le potentiel intrinsèque de chaque enfant : c’est l’approche tête, cœur, corps.

Dans notre prochain article, nous vous emmènerons au coeur de cette méthode, dans l’extraordinaire puissance créatrice de la tête de votre enfant.

 

Sources

www.garanderie.com

« Heureux d’apprendre à l’école » – Dr catherine Gueguen (Robert Laffont, 2018).

« Osez réussir ! : Changez d’état d’esprit » – Carol Dweck (Editions Mardaga, 2017)

« La pédagogie positive » – Audrey Akoun et Isabelle Pailleau (Eyrolles, 2013).

4 Comments

  1. Un article bien écrit qui donne envie d’en découvrir davantage. Bravo.
    En tant que Brain Coach, je crois en la remise en cause de l’apprentissage, en une manière différente d’apprendre et d’utiliser les capacités de notre cerveau.

  2. J’adore la façon dont est construit l’article en trois points détaillés, avec dans chaque sous-partie une référence à une citation de spécialiste. C’est un plus, cela apporte du poids à l’argumentation on lit avec plus d’attention. Pour ma part, je suis vraiment d’accord sur les effets de la positivité sur le résultat de l’apprentissage, c’est évident, ça marche. Puis tous ces mythes qui ont la vie dure… bien vue.

    • En effet Florent, c’est à nous de relever les manches et de briser ces mythes pour permettre aux enfants d’apprendre plus sereinement et efficacement.

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