Blocage émotionnel en maths : comment le lever pour progresser ?

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« Purée ! En plus, c’était facile, c’était pas compliqué ! J’aurais dû avoir une bonne note ! » La professeure de maths vient de nous rendre nos copies de contrôle. Pour la 3e fois d’affilée, je me plante et récolte un petit 9.5/20 alors que la majorité de mes camarades de classe de seconde ont obtenu au minimum 15/20. La prof me regarde alors avec bienveillance et me glisse : « beaucoup trop d’erreurs, Dorvale. Soyez plus concentrée et surtout quand vous commencez une méthode, allez jusqu’au bout de votre raisonnement. Faîtes-vous confiance ».

Je me sens nulle en maths, voire nulle tout court. Ce sentiment ne me lâche plus depuis les premiers devoirs de maths de cette année au lycée. Je ne réalise pas encore mais je fais un blocage émotionnel. À ce moment précis, je me demande comment et si un jour, je vais réussir à redresser la barre.

Et cependant, 6 mois plus tard, contre toute attente, je reçois les encouragements du conseil de classe et passe en première Scientifique S.

Comment cela a-t ’il été possible ?

Grâce un tout petit triangle qui a tout changé.

Un petit triangle et puis s’en vont

Le triangle de l’estime de soi

« Faîtes-vous confiance ! ».  Ces mots résonnent encore dans ma tête. Oui, mais comment ?

Nous avons vu dans un précédent article comment hacker notre cerveau, que nous pouvions grâce au triangle cognitif modifier nos pensées pour développer notre confiance en soi.

Par exemple, je me dis que je sais faire des choses en maths, donc je modifie mes émotions : je passe de la frustration ou la colère à l’approbation (une émotion plus neutre qui est un bon point de départ). J’affirme que je sais faire des choses et que je vais progresser. Ensuite, je prends des initiatives (actions) dans ce sens (faire mes exercices, réviser mes leçons).

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Mais il existe une autre méthode qui a montré son efficacité, c’est le triangle de l’estime de soi.

blocage emotionnel théorie

On a 3 sommets :

  • La confiance en soi
  • L’estime de soi
  • La réussite

Si on a une idée de ce qu’est la réussite, on a souvent des difficultés à différencier la confiance en soi de l’estime de soi.

D’abord, la réussite est par définition une « issue favorable, un résultat heureux » (Larousse). Par exemple, pour votre enfant, réussir à l’école et en particulier dans une matière, c’est progresser et obtenir de meilleures notes (11/20 ou 13/20) qui frôlent avec celles qu’il espère (15/20).

Ensuite, la confiance en soi, c’est être conscient des qualités qu’on possède, c’est croire en ses capacités. Alors que l’estime de soi, c’est reconnaître sa propre valeur, c’est l’image de soi qu’on se renvoie à soi-même ; en bref c’est combien on s’aime.

Or, la confiance en soi et l’estime de soi ne vont pas toujours de pair. Nous connaissons des artistes très talentueux qui excellent dans leur métier d’acteurs, de réalisateurs, de chanteurs. Mais une fois que le rideau tombe, ils se réfugient dans l’alcool ou la drogue et s’abîment. Effectivement, ils ont une confiance éclatante en leurs capacités mais ont très peu de respect pour leur propre personne.

En revanche, une personne avec une bonne estime de soi, bien qu’elle souffre de déception et de rejet, se focalise sur ce qu’elle peut faire pour s’améliorer. Elle fait preuve d’un esprit de croissance et de résilience, se concentre sur ses forces et est prompte à se pardonner et à pardonner aux autres.

Ainsi, une bonne estime de soi est un terrain fertile pour que la confiance en soi puisse se développer efficacement et à long terme.

 

Comment ça marche ?

L’objectif est donc de développer, renforcer la confiance et surtout l’estime de soi de votre enfant.

Pour cela, nous allons « entrer » dans le triangle par le sommet réussite. Nous l’avons expérimenté, le goût du succès est addictif. Quand on réussit quelque chose, on prend confiance, on se sent bien, et ainsi nous n’avons qu’une seule envie c’est revivre cette expérience.

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En fait, il s’agit en premier lieu d’apprécier, d’être conscient et fier de ses succès, de ses accomplissements. Pas seulement en mathématique, mais aussi dans d’autres domaines de notre vie.

Comme le montrent les études du Behavioural Science Institute de l’Université de Nijmegen au Pays-Bas, réussir dans un domaine contamine les autres domaines de notre vie, pour peu qu’on y prête vraiment attention.

Car avoir du succès et en prendre conscience (et ceci quelque soit le domaine) augmente la confiance en ses capacités, (« je sais le faire et je le fais bien ») et donc d’offrir un terrain fertile au développement de l’estime de soi (« je ne suis pas nulle ! »).

Comment lever un blocage émotionnel pour apprendre

En théorie

Si on veut lever ce blocage émotionnel par la réussite, je vous propose ces 5 étapes :

  1. Mettre un projecteur sur les forces, qualités de votre enfant
  2. Mettre en place des petits succès
  3. Célébrer tous les petits succès
  4. Guider vers l’autonomie
  5. Autoriser les erreurs

 

En pratique – comment j’ai réussi à passer de « je suis nulle » à « je réussis tous mes contrôles »

blocage emotionnel pratique

Mettre un projecteur sur mes qualités et mes forces

Je me sentais incompétente et c’était pour moi un gros blocage émotionnel. Cependant, en math, j’étais plutôt bonne en calcul mental. En même temps, je venais de décrocher deux solos dans le spectacle de danse de fin d’année. Et ce sentiment de fierté et d’accomplissement, je l’ai transféré étendu psychologiquement aux mathématiques. En effet, j’ai commencé par améliorer ma concentration à travers celle que j’avais pour la danse.

Certes, on m’a découvert une intelligence kinesthésique ou intelligence du corps (cliquez vers l’article sur les différentes intelligences) qui expliquait ma faculté à me remémorer si bien les chorégraphies. J’ai donc appris les maths en manipulant et en marchant.

 

Mettre en place mes petits succès

Avec mon père nous avions établi un plan SMART (Spécifique, Mesurable, Ambitieux, Réaliste et Temporellement défini) dont les détails se trouvent dans notre article sur les devoirs (cliquez ici). Pour le contrôle qui a suivi, je me souviens avoir obtenu un petit 10/20. Ma première réaction fut une grande déception mais je me suis ressaisie et j’ai regardé attentivement où je m’étais améliorée. De nombreuses fautes d’attention mais, cette fois-ci, j’étais allée jusqu’au bout de mes raisonnements !

Et de ces erreurs d’attention, j’ai appris une grande leçon : se relire. Que ce soit pour les devoirs sur table ou à la maison, réserver du temps pour une relecture en 2 phases :

  1. je vérifie que j’utilise la bonne méthode et je me concentre uniquement là-dessus
  2. je vérifie les calculs et uniquement les calculs.
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Et je la répète au moins une fois. Cette stratégie m’a beaucoup aidé à progresser et à corriger des erreurs avant de rendre mes copies.

 

Célébrer les petits succès

Il ne faut pas attendre d’avoir 20 sur 20 pour être heureux et fier de soi. Chaque succès apporte le goût du succès et ceci à long terme. C’est un cercle vertueux. Comme nous le montre le triangle de l’estime de soi, le succès engendre la confiance en soi (“je sais utiliser la méthode des cosinus”) qui elle-même déclenche une meilleure estime de soi (“whaouh! j’ai progressé. Je deviens meilleure en géométrie”).

 

Guider vers son autonomie

Le but étant de rendre votre enfant autonome. On pratiquera la technique de l’étayage, c’est à dire guider. Vous prendrez la place de votre enfant et déroulerez à voix haute votre raisonnement quand vous résolvez un exercice. Vous ponctuerez les éléments cruciaux de cette résolution d’un geste et d’un ton fort. Et ensuite, ce sera à son tour.

 

Autoriser les erreurs

L’erreur est normale. Si l’entrainement physique était un exercice de maths alors l’erreur en serait la sueur. J’ai appris quelque chose d’essentiel : c’est fou comme retient mieux quand on fait des erreurs !

 

Pour récapituler

Les clés essentielles pour lever un blocage émotionnel

  1. Mettre un projecteur sur ses forces, qualités
  2. Mettre en place des petits succès
  3. Célébrer tous les petits succès
  4. Guider vers son autonomie
  5. Autoriser les erreurs

Et si les résultats ne sont pas au rendez-vous ? Vous pouvez essayez utiliser le triangle cognitif comme accélérateur. Vous avez des chances supplémentaires de modifier ses pensées négatives et lui permettre de faire le meilleur choix d’actions pour gagner en confiance et en estime de soi.

Sources

https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/03075079.2018.1493097

 

 

 

 

 

 

8 Comments

  1. Merci pour ton article éclairant.
    Ma fille passe le brevet cette année et elle a toujours beaucoup de mal avec les maths. Elle a décrété qu’elle était nulle dans cette matière. Cela pourra l’aider.

  2. Excellents conseils.
    J’aime beaucoup l’approche visant le changement du discours interne.
    C’est la priorité pour s’ouvrir a la possibilité de réussir. Cela devient même un cercle vertueux ou chaque élément renforce l’autre 🙂

    Merci pour cet article

  3. Ce triangle de l’estime de soi est vraiment une belle découverte !
    En plus on peut l’appliquer à n’importe quel domaine, merci beaucoup de me l’avoir montré 🙂

  4. Excellente idée pour entrer dans un cercle vertueux! C’est vrai que voir ses petits succès et ses capacités dans tel ou tel domaine n’est pas quelque chose d’innée, et pourtant c’est essentiel pour a réussite! Merci de nous le rappeler!

  5. Merci pour cet article intéressant et instructif avec une méthode qui peut s’appliquer à d’autres domaines!!

  6. Merci pour cet article si complet et ces illustrations si pédagogiques ! A mettre très vite en pratique !

  7. Un article qui reboost. Je devrais le faire lire à mon fils qui se laisse couler, pour qui l’instruction est compliquée. Je suis sûre que son estime est bancale… dur à réparer.

    • l’estime de soi est primordial en effet. Un prochain article y sera dédié
      Merci Florence pour ce partage d’éxpérience

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